mardi 27 mars 2012

Sylvie Guillem


Jeudi dernier, je suis allé voir Sylvie Guillem au théâtre des Champs Élysées. 6000 miles aways. Ce titre est un hommage à la catastrophe que le Japon a connue l'année dernière.

Je ne suis pas amateur de danse mais l'affiche que j'ai vue dans le métro m'a plue: les muscles tendus, les tendons saillants, la lumière dure soulignant l'effort et sculptant une jambe magnifique, sèche, longue, cambrée, insoutenablement belle. Qui est Sylvie Guillem, quel âge a-t'elle? Je sentais que c'était le moment de découvrir la danse avec une artiste au sommet de son art. Je savais déjà que je ne serai pas déçu par notre rendez-vous. Et je ne le fus pas.

Seule sur scène, Sylvie Guillem nous parle silencieusement et nous émeut. La chorégraphie est très complexe mais semble improvisée. Tout à l'air si facile qu'on pourrait se croire capable de faire la même chose. Et puis une jambe se tend selon une courbe divine, presque par surprise, irréelle, et alors on comprend que cette magicienne nous met en contact avec une transcendance et c'est bouleversant. Sylvie Guillem est une lame, un katana forgée par elle-même, un grand maître. C'est une guerrière surhumaine, divine. Quels sacrifices a-t'elle dû consentir pour son art, pour le public et la scène? Ce fut un grand privilège d'admirer la plus grande danseuse de notre temps.

Est-ce que la peinture demande un tel travail, un tel don de soi pour donner l'illusion de la facilité? Je me reconnais pourtant dans cette quête. Je les admire ces danseurs et je les aime. Ce sont mes frères. Je voudrais les peindre. Rendre un peu de la beauté de l'éphémère à l'éternité. Le spectacle vivant ne se met pas en conserve mais je ne peux m'empêcher d'éprouver de la douleur en sentant ces moments s'enfuir à mesure qu'ils surviennent. C'est toute leur beauté et c'est ce qui fait leur valeur. Mais c'est quand même dommage.

Je me suis fait la réflexion de la transmission de cet art à travers l'enseignement, la tradition, le métier. Sylvie s'est appuyée sur cet héritage pour progresser et suivre sa propre voie. La tradition est intégrée, dépassée, sublimée. Quelle belle leçon. Encore merci Sylvie, encore, vite.

4 commentaires:

Antoine a dit…

Très bel article sur cette femme et le métier de la danse qui est beau et dur à la fois. Je souhaite que le bouche à oreille se fasse et qu'elle vous rende hommage aussi...entre personne sensible à l'Art vous vous méritez de vous rencontrer.

Hubert de Lartigue a dit…

Merci Antoine. Je ne sais pas si je pourrais même oser lui parler!

Yo a dit…

joli texte hubert, on pourrais presque vivre cette experience avec toi rien qu'en le lisant, un plaisir.
normal pour nous autres de vouloir saisir un instant pour l'immortaliser sur le papier, mais comme tu le dis si bien, c'est le coté ephemere de la chose qui lui confere toute sa beauté.

Hubert de Lartigue a dit…

Oui, on vit dans des mondes parallèles.